aménagement urbain intégrant la restructuration de la RC55 | hérémence

CONCOURS  aménagement urbain intégrant la restructuration de la RC55 | hérémence

MAITRE D’OUVRAGE  commune d’Hérémence, Etat du Valais

COLLABORATION  Actescollectifs (Ambroise Bonvin), RWB (Christian Habegger, Frédéric Balmer), Citec (Julien Lovey) 

ANNEE  2019

 

RETOUR CONCOURS

AU RYTHME D’HEREMENCE

granulométries d’espaces publics

Un lieu, un village, comprend plusieurs strates, plusieurs niveaux de proximité et de lecture. On peut y passer, transiter, y vivre. On peut s’y arrêter pour profiter de ses paysages, de ses jeux de lumière, de ses odeurs, ou simplement pour aller à la rencontre de ses habitants.

Le village d’Hérémence, lui, organise naturellement ces différents rythmes avec sa structure  »en peigne » qui suit les courbes de niveau et définit des seuils : la route principale, la R55, traverse le village du nord au sud, adaptant le terrain à l’aide de murs de soutènement et de socles semi-enterrés. Des routes secondaires s’y connectent au fil du tracé et desservent les quartiers d’habitations en périphérie du coeur historique. Hérémence est un lieu vivant, structuré non seulement par l’église mais aussi par plusieurs autres polarités, comme les commerces, les aires de jeux ou les placettes ouvertes sur le paysage qui s’unissent et interagissent.

Chaque étape nous livre différents visages du village et de ses espaces publics. D’une perception paysagère large et ouverte sur la vallée, le visiteur est amené petit à petit à ralentir et pénétrer les rues étroites du coeur historique. L’approche est enrichie par ce ralentissement du rythme et de nouvelles caractéristiques sont révélées, comme la finesse des limites entre espaces publics et privés. Hérémence dévoile alors toute sa poésie, avec son imbrication de mazots, de placettes, de terrasses, de fontaines et d’arbres fruitiers.

Le projet  »au rythme d’Hérémence » cherche à retranscrire cette perception de différents rythmes, au moyen des revêtements de sol plus ou moins lisses ou rugueux, que l’on nomme « granulométries », au nombre de trois.

1. La première granulométrie est l’enrobé bitumineux. Elle concerne la traversée du village et les chemins de desserte dans la pente, en périphérie du quartier historique. Ce revêtement neutre est le liant entre l’ancien et le nouveau et fédère les bâtiments des différentes époques. Il formalise aussi l’espace public ouvert et lisse, réceptacle des mobilités en provenance du bas ou du haut de la vallée, pour visiter l’église par exemple. Un nouveau trottoir est créé à l’Est de la RC55. Il récupère les différents parcours piétons verticaux situés dans la plupart des cas en aval. Ce trottoir se différencie de la chaussée par un revêtement macro-rugueux. On installe ce même revêtement grossier sur les chemins de desserte en lien avec le centre historique (route de Soumy, Route de la Lé), façon de signifier l’empreinte du passé. L’ensemble de ces espaces accueille une arborisation ponctuelle s’installant dans les dilatations de la rue principale, rythmant la traversée et atténuant la présence des murs. Cette végétation est parfois contenue dans des bacs, lorsque les épaisseurs de dalles ne permettent pas la plantation en plein terre, notamment à proximité de l’église.

2. La seconde granulométrie est le pavage. Celui-ci met en évidence la liaison entre les deux hameaux historiques et invite au ralentissement du rythme, en valorisant le coeur villageois. Il marque les lieux identitaires où l’on se retrouve lors des fêtes, où jouent les enfants, autour d’une fontaine ou sous un arbre, à l’écart de la circulation. Une arborisation identitaire s’y installe et accompagne les parcours (Place de l’Eglise, Place des Emigrés, Place sur la Route de Soumy). La partie aval de ce lien entre les hameaux (Rue de l’Eglise) est considérée comme une zone piétonne du fait de la présence des commerces. Elle est donc entièrement traitée en pavés. En revanche, sur la partie amont (Route de Soumy et ruelles adjacentes), le pavage ne s’installe que ponctuellement sur les lieux identitaires : autour des fontaines, sur les placettes ou au seuil de quelques habitations. Finalement, le coeur du projet, au-devant du Café du Lac des Dix, est lui-même recouvert de pavés. On relève, à cet endroit, la création d’une fontaine sur le tracé du torrent qui passe actuellement en souterrain. Il s’agit de marquer cette centralité et de s’inscrire dans le fil conducteur des fontaines qui relie les deux hameaux historiques.

3. La troisième granulométrie est le gravier, qui s’inscrit en dehors des routes et places définies. Il matérialise la découverte exploratoire en dehors de l’espace-rue, les liaisons fines, l’entre-deux, l’espace tampon entre la voirie et les maisons, ainsi que l’ouverture sur le paysage (place de la Chapelle, places-belvédères sous le cimetière ou en plongée sur les Pyramides d’Euseigne). Une végétation de moyenne hauteur à la forme plus naturelle (type cépée) s’installe dans ces espaces d’entre-deux.

En parallèle de ces trois granulométries, un travail est effectué sur les abords de la RC 55, caractérisés par un certain nombre de terrasses dans la pente. Ces espaces publics subissent aujourd’hui la politique du « tout-voiture » et sont perçus comme une dilatation de celle-ci. Le projet cherche à retourner la situation et mettre l’accent sur les terrasses avec comme objectif de réduire, voire d’oublier la présence de la route. Plusieurs lieux ont un fort potentiel de requalification pour agrémenter cette traversée du village. Premièrement, la Place des Emigrés doit mettre en valeur sa situation de balcon au carrefour de la RC55 et du chemin historique reliant les deux hameaux. Le balcon est retravaillé avec une forme arrondie pour lui donner un air contemporain en
dialogue avec les balustrades du Café du Lac des Dix. Ensuite, la Place devant l’église, doit permettre aux automobilistes de stationner brièvement pour visiter l’église. Quant à la Place en contrebas de l’église, elle offre un lieu calme propice aux arrêts de plus longue durée.

Du point de vue programmatique, des propositions sont faites pour la toiture de parking, où l’installation de logements renforce l’infrastructure. L’office du tourisme est déplacé sur la place des Emigrés, qu’il redimensionne à sa juste échelle, en libérant son emplacement actuel. Un nouveau cheminement en balcon sur les Pyramides d’Euseigne constitue un aménagement original valorisant l’entrée Sud du village et le seuil de la Route de la Lé plongeant vers le coeur historique.